Comme nous l’avons vu dans la première grande partie du guide Blooness, l’un des secrets d’une alimentation saine consiste en un rééquilibrage des glucides Ă une dose beaucoup plus modeste, avec des aliments glucidiques de qualitĂ©. Idem en ce qui concerne les graisses, qui sont consommĂ©es soit Ă outrance, via des aliments de mauvaise qualitĂ©, et souvent couplĂ©es aux glucides lors des repas, soit bannies Ă tort par certains rĂ©gimes soi-disant amincissement.
En d’autres termes, l’alimentation telle qu’on la connait depuis les annĂ©es 60, Ă base de sucres rapides, d’alcool, de cĂ©rĂ©ales raffinĂ©es, de farines blanches, de snacks bourrĂ©s de gras trans et de glucides, pourrait bien ĂŞtre l’un des facteurs de surpoids, et de maladies mĂ©taboliques ou civilisationnelles.
Une fois ce problème identifiĂ©, nous prĂ©conisons dans ce guide un apport plus riche en bonnes graisses (avocats, noix, huile d’olive, poissons gras) et un apport modĂ©rĂ© en glucides savamment choisis (lĂ©gumes verts, pain au levain, lĂ©gumineuses). C’est le principe mĂŞme de l’alimentation low-carb high-fat, ou en d’autres termes riche en graisses et pauvre en glucides, qui constitue le premier pilier du guide Blooness.
Reste Ă dĂ©finir quel serait l’apport idĂ©al en protĂ©ines. Et ce chapitre destinĂ© Ă la diète palĂ©o, pourrait bien constituer un des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse.
Définition du régime paléolithique
Le rĂ©gime palĂ©o est un rĂ©gime alimentaire ancestral composĂ© d’aliments et de plats que les hommes vivant Ă l’Ă©poque du PalĂ©olithique (Homo habilis, homo erectus, puis homo sapiens) auraient pu consommer, et composĂ©s principalement de protĂ©ines, de vĂ©gĂ©taux et d’olĂ©agineux. Il s’agit donc d’aliments que seule la nature pourrait nous fournir, sans aucune transformation industrielle, ni additifs, ni conservateurs, ni quoique ce soit d’autre.
C’est une diète qui se rapproche plus ou moins de la diète low-carb, et mais qui se diffĂ©rencie par un apport en protĂ©ines beaucoup plus important.
Note : cet article constitue l’un des chapitres du Guide de l’alimentation Blooness, un guide destinĂ© Ă rĂ©unir les ingrĂ©dients de l’alimentation idĂ©ale pour le genre humain.
Le postulat de départ du régime paléo
Les partisans de ce rĂ©gime considèrent que le mĂ©tabolisme humain n’aurait pas encore eu le temps de s’adapter Ă la plupart des aliments issus de la rĂ©volution nĂ©olithique (apparition de l’agriculture et de l’Ă©levage, environ vers 8500 avant JC au Proche-Orient), et assimilerait ainsi mal les cĂ©rĂ©ales, les lĂ©gumineuses et les produits laitiers. Avant la domestication des plantes et des animaux, les sociĂ©tĂ©s humaines pratiquaient la chasse et la cueillette pour se nourrir.

Cette transition serait, selon eux les dĂ©fenseurs de la diète palĂ©o, la cause du dĂ©veloppement de l’obĂ©sitĂ©, des maladies cardiaques, du diabète et d’autres maladies dites de civilisation. Ils prĂ©conisent donc un retour Ă l’alimentation qui prĂ©valait au PalĂ©olithique. L’exclusion totale des cĂ©rĂ©ales fait de ce rĂ©gime un rĂ©gime sans gluten.
L’origine du rĂ©gime palĂ©o
On attribue la crĂ©ation du rĂ©gime palĂ©o au radiologue Stanley Boyd Eaton, qui en 1985, publie avec l’anthropologue Melvin Konner, un article intitulĂ© “PalĂ©olithic Nutrition”, dans le “New England Journal of Medicine”.
« La frĂ©quence des mutations spontanĂ©es de l’ADN du noyau cellulaire est de l’ordre de 0,5 % par million d’annĂ©es. Nos gènes sont donc très proches de ceux de nos ancĂŞtres du PalĂ©olithique, il y a 40 000 ans.
Ce qui a changĂ©, c’est notre alimentation, avec l’avènement de l’agriculture il y a 10 000 ans, et surtout la rĂ©volution industrielle.
Nous ne sommes plus adaptĂ©s gĂ©nĂ©tiquement au mode alimentaire actuel. L’alimentation palĂ©olithique ou prĂ©-agricole peut donc ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme un modèle pour la nutrition moderne. »
Dr S. Boyd Eaton
En d’autres termes, cette thĂ©orie reprise ensuite par plusieurs anthropologues et auteurs Ă succès, suggère que des syndromes mĂ©taboliques et certaines maladies de civilisation telles que l’hypertension, l’obĂ©sitĂ©, le cholestĂ©rol, diffĂ©rents cancers et le diabète de type 2 rĂ©sulteraient en partie de l’inadĂ©quation entre le mode de vie commun des pays dĂ©veloppĂ©s et celui pour lequel le gĂ©nome humain a Ă©tĂ© initialement sĂ©lectionnĂ© par sĂ©lection naturelle au cours de l’âge de pierre.
Pour schĂ©matiser Ă l’extrĂŞme, notre corps n’aurait pas encore eu le temps de s’adapter Ă la rĂ©volution agricole, datant d’il y a 10 000 ans, sans parler de l’impact de la rĂ©volution industrielle, beaucoup plus rĂ©cente, qui dĂ©marre Ă la fin du 18è siècle.
Les effets bénéfiques sur la santé
Les diffĂ©rentes Ă©tudes scientifiques sont globalement arrivĂ©es Ă des conclusions communes : les effets d’une diète palĂ©olithique bien menĂ©e seraient relativement bĂ©nĂ©fiques sur la totalitĂ© des facteurs de risques de maladies cardiovasculaires et sur l’insulino-rĂ©sistance.
Tous les marqueurs de risques ont Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©s dans les Ă©tudes cliniques randomisĂ©es : poids, tour de taille, protĂ©ine C-rĂ©active, hĂ©moglobine glyquĂ©e, pression artĂ©rielle, tolĂ©rance au glucose, sĂ©crĂ©tion d’insuline, sensibilitĂ© Ă l’insuline et profil lipidique.
A Paleolithic diet confers higher insulin sensitivity, lower C-reactive protein and lower blood pressure than a cereal-based diet in domestic pigs.
Source.
Empiriquement, les pratiquants de ce type de rĂ©gime considĂ©rĂ© comme absolument naturel Ă©voquent Ă©galement une sensation de satiĂ©tĂ© (probablement liĂ© au fort apport en protĂ©ines et en bonnes graisses), et de bien-ĂŞtre (qu’on pourrait relier Ă la consommation en omĂ©ga-3 et en lĂ©gumes efficaces pour le transit intestinal), sans qu’il soit possible de mesurer scientifiquement ces tĂ©moignages.
Les nutriments du régime paléo
Il faut savoir qu’il y a autant de rĂ©gimes palĂ©o que de pratiquants de ce rĂ©gime. En effet, Ă l’instar de la diète cĂ©togène, il ne s’agit pas d’un rĂ©gime brevetĂ© et dont les caractĂ©ristiques sont gravĂ©es dans la roche. Il y a plusieurs façon de l’adapter, en fonction de ses prĂ©fĂ©rences, de ses croyances, des rĂ©sultats empiriques constatĂ©s sur chacun et des goĂ»ts propres Ă chacun.
Enfin, beaucoup d’individus se rĂ©clamant de la diète palĂ©o ont tendance Ă l’adapter Ă leur façon, en intĂ©grant Ă dose plus ou moins importante des aliments qui relèvent davantage de la rĂ©volution nĂ©olithique, tout en veillant Ă Ă©viter les aliments transformĂ©s, plutĂ´t caractĂ©ristiques de la rĂ©volution industrielle. La diète palĂ©o dispose donc d’un curseur, qu’il vous faudra placer en votre âme et conscience, si vous dĂ©cidez de suivre cette alimentation.
Ensuite, au-delĂ des grands principes gĂ©nĂ©raux que nous allons Ă©noncer ci-après, il y a une manière de l’orienter “santĂ©” et diĂ©tĂ©tique, en accord avec les grands piliers de l’alimentation dĂ©fendue dans le guide Blooness, et c’est ce que nous allons voir.
Voyons déjà les grands principes de cette alimentation.
1) Beaucoup de protĂ©ines, notamment d’origine animale
Le rĂ©gime palĂ©o est basĂ©e en grande partie sur un apport consĂ©quent en protĂ©ines d’origine animale. Ca n’est donc pas du tout une diète adaptĂ©e aux vĂ©gĂ©tariens ou aux flexitariens. La base alimentaire de la diète palĂ©o est faite de viande, d’Ĺ“ufs, de poissons et de fruits de mer.
DonnĂ©e importante afin d’orienter la diète vers un aspect plus santĂ© : les animaux consommĂ©s doivent idĂ©alement avoir Ă©tĂ© nourris Ă l’herbe et non aux cĂ©rĂ©ales, car leurs tissus musculaires seraient ainsi plus riches en omĂ©ga-3. Voir par exemple le label bleu-blanc-cĹ“ur pour les oeufs.
2) Un apport conséquent en graisses
Les partisans de ce régime recommandent la consommation de graisses mono et polyinsaturées, en privilégiant les ingrédients riches en omega-3, au bénéfice des omega-6 et des acides gras saturés.
On en trouve notamment dans l’huile d’olive, les petits poissons gras ainsi que dans les olĂ©agineux : amandes, noix de cajou, noix de PĂ©can, noix de Macadamia, noisettes, etc…
2) Un apport modéré en fibres
Et il s’agit de fibres qui trouvent leur source dans les fruits et lĂ©gumes, et surtout pas dans les cĂ©rĂ©ales ou les fĂ©culents, qui datent quant Ă eux de l’ère agricole.
3) Un apport faible en glucides
La seule source de sucre des chasseurs-cueilleurs étaient les fruits, les racines et tubercules et les baies. Le régime recommande ainsi la consommation abondante de légumes et de fruits pauvres en glucides (concombre, courgette, tomate, épinard), qui doivent constituer la principale source de glucides.
En ce sens, le rĂ©gime palĂ©o s’apparente ainsi au rĂ©gime low-carb, puisqu’il autorise une consommation relativement faible de glucides, Ă condition que ce soit des glucides de qualitĂ©, et non des glucides issus du sucre raffinĂ©, du lait ou d’autres aliments transformĂ©s.
Les aliments Ă exclure
- Les produits laitiers
- Les céréales
- Le gluten
- Les légumineuses
- Les huiles sauf l’huile d’olive
- Le sucre raffiné
- Les produits transformés
- L’alcool et le cafĂ©
Les inconvénients et critiques
La méconnaissance du mode de vie préhistorique
Les dĂ©tracteurs de ce type d’alimentation prĂ©tendent qu’il nous est impossible de connaĂ®tre prĂ©cisĂ©ment le rĂ©gime palĂ©olithique, puisque l’alimentation Ă cette Ă©poque a subi de grandes Ă©volutions et Ă©tait dĂ©pendante de trop de facteurs (climat, saisons, disponibilitĂ© de la nourriture, rĂ©gions, etc…).
De plus, l’homme palĂ©olithique n’avait pas le mĂŞme mode de vie que nous. Vouloir singer leur alimentation serait une dĂ©marche naĂŻve et simpliste.
Enfin, toujours selon les dĂ©tracteurs de cette diète, l’ère palĂ©olithique s’Ă©tend de -3 millions d’annĂ©es Ă -10 000 ans. DĂ©gager un type d’alimentation sur une pĂ©riode aussi longue serait selon les palĂ©o-sceptiques impossible, sans parler des aliments palĂ©o-friendly qui sur cette pĂ©riode-lĂ Ă©taient diffĂ©rents et en Ă©volution perpĂ©tuelle par rapport aux aliments disponibles aujourd’hui.
Les carences en calcium et le trop-plein de viande
Les détracteurs de la diète paléo invoquent également la possible carence en calcium, et la proéminence de viande rouge, qui serait potentiellement néfaste pour la santé.
Le manque de légumineuses et de céréales complètes
Si les produits laitiers, l’alcool ou les cĂ©rĂ©ales raffinĂ©es ne sont pas considĂ©rĂ©es comme une grande perte sur le plan nutritionnel, l’absence de lĂ©gumineuses comme les haricots, les fèves, les pois chiches ou encore les lentilles constitue l’une des limites de la diète palĂ©o.
En effet, ces ingrĂ©dients sont reconnus pour les apports bĂ©nĂ©fiques pour l’organisme, et les supprimer totalement pourrait s’avĂ©rer contre-productif.
En conclusion
En prenant en compte les critiques adressĂ©es au rĂ©gime palĂ©olithique, et en gardant ce dont on est sĂ»r en termes de bienfaits, on sait aujourd’hui qu’une alimentation pourvue de lĂ©gumes sera source de vitamines et d’antioxydants, et aura un effet bĂ©nĂ©fique sur la santĂ© gĂ©nĂ©rale, le transit intestinal, et sur la prĂ©vention des cancers, de l’hypertension ou encore de l’ostĂ©oporose.
De même, une consommation accrue d’aliments riches en oméga-3 (poissons gras, huiles de colza ou de noix, noix, légumes verts à feuilles) a été associée à une diminution du risque de maladies cardiovasculaires.
Ensuite, il est avéré que la consommation trop importante en glucides issues des céréales industrielles ou du sucre raffiné sont associés à une prise de poids et à une sensibilité accrue à l’insuline, donc un risque plus grand de diabète de type II.

Si l’on ne dispose pas d’assez de recul pour mesurer les bienfaits du rĂ©gime palĂ©olithique sur le long terme, il semble raisonnable d’hypothĂ©tiser qu’une alimentation inspirĂ©e de ce rĂ©gime, basĂ©e sur une diminution des glucides, un apport en glucides modĂ©rĂ© de qualitĂ©, une consommation de lĂ©gumes, de viandes de qualitĂ© – principalement des viandes maigres nourrie Ă l’herbe – ainsi qu’un bannissement des produits industriels transformĂ©s, ne peut ĂŞtre que bĂ©nĂ©fique Ă la fois sur le plan de la santĂ©, que sur le plan diĂ©tĂ©tique et mĂŞme gustatif.
Toutefois, il ne s’agit pas non plus de se gaver de protĂ©ines Ă outrance, dont l’apport pour une personne sĂ©dentaire est en gĂ©nĂ©ral estimĂ©e Ă 0,9g par kilo de poids de corps, et jusqu’Ă 2,2 grammes par kilo de poids de corps pour les sportifs tels que les pratiquants de musculation ou de crossfit aguerris, qui sont d’ailleurs souvent adeptes de cette diète, quitte Ă consommer trop de protĂ©ines et Ă dĂ©passer de loin les apports conseillĂ©s, avec les risques que cela peut entraĂ®ner.
La plupart des nutritionnistes recommandent de suivre quelques principes qui prĂ©sident ce rĂ©gime, comme celui d’un retour Ă une nourriture non transformĂ©e, sans forcĂ©ment le suivre Ă la lettre, et tout en le rapprochant du rĂ©gime mĂ©diterranĂ©en, qu’on pourrait associer Ă l’alimentation des Zones Bleues, en intĂ©grant ainsi du fromage ou encore des lĂ©gumineuses aux repas palĂ©os. C’est justement l’essence mĂŞme de ce guide, qui constitue une synthèse de plusieurs types d’alimentation, afin de constituer une sorte d’alimentation idĂ©ale, Ă adapter en fonction de chacun.
L’alimentation Blooness est ainsi Ă la croisĂ©e de plusieurs grands piliers en termes d’alimentation : l’alimentation low-carb ou faible en glucides, que l’on a abordĂ©e dans la première partie du guide, l’alimentation bleue (mĂ©diterranĂ©enne, mais pas que, nous y reviendrons), et l’alimentation palĂ©o, autrement dit peu ou pas transformĂ©e.
A cela s’ajoutera le principe du timing des aliments, en fonction du mode de vie de chaque individu, et de son Ă©tat de santĂ©. C’est le principe de la chrononutrition.
Blooness = LCHF + Paléo + Zones bleues
Comment orienter la diète paléo en diète 100% santé ?
La diète palĂ©o est Ă adapter, et peut ĂŞtre intĂ©grĂ©e Ă l’alimentation Blooness, moyennant quelques conseils gĂ©nĂ©raux :
- Réintégrer des aliments issus de la diète méditerranéenne à dose modérée, comme le fromage, ou encore les légumineuses.
- Ne pas forcĂ©ment abuser des fruits, en pensant que les fruits et les lĂ©gumes font partie de la mĂŞme catĂ©gorie d’aliments Ă manger sans modĂ©ration.
- Privilégier des viandes de qualité, et ne pas abuser des gras saturés.
- Et enfin, apprendre Ă “timer” la prise des aliments et Ă doser en fonction du style de vie de chacun. A l’instar du rĂ©gime low-carb, oĂą l’Ă©cueil consiste Ă manger des aliments riches en toutes sortes de lipides, Ă n’importe quel moment de la journĂ©e, l’un des pièges du rĂ©gime palĂ©o ou des rĂ©gimes gĂ©nĂ©ralement protĂ©inĂ©s consiste Ă manger trop de protĂ©ines, et Ă des moments inopportuns. Par exemple, il faudrait Ă©viter de consommer de la viande le soir avant le coucher, et Ă©viter de consommer des lĂ©gumineuses en trop grande quantitĂ© si aucun effort n’est fourni avant ou après leur consommation. C’est l’un des aspects sur lequel nous reviendrons dans le cadre d’un chapitre dĂ©diĂ© au timing des aliments.
Maintenant que l’alimentation PalĂ©o n’a plus aucun secret pour vous, apprenez-en plus sur l’alimentation LCHF et l’alimentation des zones bleues, après quoi vous serez un crack en alimentation Blooness !
Chapitre suivant : l’alimentation des Zones Bleues
Photo image d’illustration.